Studio Rex

STUDIO REX
Collection Jean-Marie Donat

Lieu : C/O Berlin
Dates : 03.07.23 – 24.09.23
Commissariat : Jean-Marie Donat

Quelles histoires se cachent dans les archives des studios de photographie ? Que peuvent révéler les photographies de studio sur les parcours de vie, les rêves et les espoirs des personnes représentées ? Telles sont quelques-unes des questions soulevées par l’histoire du Studio Rex.

Le studio photo était situé au cœur de Belsunce, le quartier populaire de Marseille. Assadour Keussayan arrive dans la ville à l’âge de 17 ans et fonde le studio en 1933. Il est rescapé du génocide arménien en Turquie ottomane, tandis que sa femme, Varsenik, est originaire de Chypre. Grâce à son aide et à celle de ses enfants, Grégoire et Germaine, le studio était une entreprise familiale qui servait de point de rencontre pour les migrants d’Afrique du Nord et de l’Ouest ainsi que d’autres pays. Le studio a fermé ses portes en 2018. Il y a une dizaine d’années, le collectionneur français Jean-Marie Donat a acquis une grande partie des archives du studio, soit des dizaines de milliers de photographies et de négatifs pris entre 1966 et 1985. Il s’agit d’une mine de souvenirs personnels et d’événements historiques.

Les photographies comprennent des photos d’identité officielles montrant des personnes à l’air sérieux en tenue de soirée, ainsi que des portraits de personnages élégamment vêtus se présentant sur des toiles de fond avec des accessoires tels que des fleurs et des écrans décoratifs. Enfin, des photomontages peints à la main créent des portraits de famille de personnes séparées par la Méditerranée. Certaines photographies ont été abandonnées à la suite d’un départ inattendu après un contrat de travail longtemps attendu, marquant l’étape suivante d’un voyage. Malgré l’anonymat du groupe, la collection révèle des individus et leurs histoires uniques, même si celles-ci ne peuvent être que devinées. La plupart des photographies ne portent ni nom ni date.

À l’heure de l’isolationnisme européen, des politiques xénophobes et de la montée en puissance des partis de droite, les histoires humaines qui se cachent derrière les migrations restent souvent invisibles. Il est rare que l’on puisse voir des migrants individuels et leurs motivations. Ces archives offrent un contraste avec l’image largement stéréotypée et négative de la migration véhiculée par les médias, en donnant un aperçu de la manière dont les populations marginalisées ont choisi de se représenter elles-mêmes.

L’exposition C/O Berlin est la première à présenter une partie importante de ces archives en Allemagne, invitant à un dialogue entre l’Afrique et l’Europe, ainsi qu’entre la mémoire personnelle et collective et l’oubli à travers le passé et le présent.